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Evry - Viry-Châtillon  

Samedi 14 février 2015

 

 

Arrivée à la gare RER Evry-Courcouronnes. Montée vers le grand hall, très lumineux et qui s'ouvre sur un parking. Plus loin on aperçoit les briques rouges de la cathédrale d'Evry. Il est presqu'impossible de se parler, tellement la voix féminine qui annonce les trains et leurs retards retentit. Quelques personnes sont assis sur des bancs flanqué de palmiers. Passage au Segarfredo pour un café et un gâteau aux pommes qui, plus tard dans la journée, s'avère sans pommes. La place des droits de l'homme et du citoyen est quasiment déserte quand nous la traversons rapidement en direction de la cathédrale. Panneau d'indication du Musée Paul Delouvrier, qui doit son nom au père des villes nouvelles. Pour s'abriter nous rentrons dans l'espace circulaire de la cathédrale, un monument d’une simplicité déconcertante qui impressionne autant par la sobriété de ses matériaux que par le jeu des formes. Ouvert en 1995, l'édifice en colonne tronquée surmonté d'une couronne de 24 tilleuls était controversée pour sa rupture avec la forme traditionnelle de la croix latine. Construit par l'architecte suisse Mario Botta, renommé pour ses architectures de brique,  la cathédrale cherche à « renouer avec l'art monumental ; les églises étaient alors souvent discrètes, enfouies, non repérables ; or, on ne pouvait évacuer ni l'église, ni sa pierre, ni sa forme. Elle est une parole», précise Monseigneur Alain Bobière, vicaire de la cathédrale. 

 

Cette monumentalité, cette volonté de rendre lisible et compréhensible la ville là où elle était effectivement nouvelle et sans référence au passé, sont des problématiques centrales des villes nouvelles. La qualité architecturale de l'église d'Evry fait ici figure d'exception et participe à l'urbanité du lieu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«Heidegger disait que l'homme 'habite' dès qu'il a la capacité de s'orienter à l'intérieur d'un espace. Si dans l'espace contemporain, l'homme semble avoir perdu ses repères, c'est que la qualité de l'habitat s'est dégradée» affirme  Mario Botta  dans un entretien publié dans un ouvrage dédié à la Cathédrale d'Evry (La Cathédrale d'Evry, ouvrage collectif ; éditeur : Skira ; 103 pages ; Intérieur : Quadri). La suite de la journée soulignera avec force la pertinence et sens de ces mots.

 

Retour vers la gare et traversée des vois ferrées en hauteur. Nous voilà arrivée au niveau de la dalle piétonne de la ville nouvelle qui relie la gare, l'Agora et le centre commercial Evry2.  Nous entrons dans une forme d'architecture-infrastructure où tout est relié et pourtant subtilement séparé : les voies ferrées au sous-sol, parkings et accès pour voitures sur les côtés mais au niveau du sol, la dalle piétonne en hauteur pour relier équipements, logements, commerces, bureaux etc. (par de nombreuses passerelles et escaliers). Une rue en hauteur, bordée sur la gauche de commerces et de logements et sur la droite du bar "New Village", nous amène de la gare vers une grande place, calme mais plus animée. Ce principe de la séparation des flux, qui émane directement de la Charte d'Athènes (http://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_d'Ath%C3%A8nes), crée des lieux agréables pour le piéton, mais souvent désertes faute de la relégation d'autres fonctions urbaines vers l'extérieur.

 

L'entrée du Centre Commercial Evry2 qui, au moment de sa conception en 1967 par Victor Gruen, inventeur (http://reurbanist.com/2013/05/the-gruen-effect-victor-gruen-and-the-shopping-mall/) et importateur du concept de centre commercial en France dans les années 1960, apporta cet aspect innovant de deux entrées (http://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Gruen) : une pour les personnes venues de loin en voiture et une pour les habitants du centre par la dalle piétonne. En effet, la carte permet de s'apercevoir de cette "astuce" qui reste cachée pour le visiteur venu à pied, mais aussi de l'emprise du centre commercial qui couvre quasiment un quart du nouvel centre-ville d'Evry. Dans l'aménagement des villes nouvelles le centre commercial était alors pensé comme un équipement central et indispensable pour créer de l'urbanité et faire ville (cf. les villes nouvelles de Cergy-Pontoise et de Marne-la-Vallée/Noisy-le-Grand où Gruen a également apporté sa touche). Le titre de son ouvrage de référence est plus qu'évocateur :  From Urban Shop to New City. Ici http://m.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/355221/sexagenaire-sachant-tromper-depuis-60-ans

on nous explique "que c’est dans les pages du magazine Progressive Architecture que le principe fondateur du centre commercial moderne a fait son apparition… en 1952. L’idée, lancée à une époque où le commerce de détail se joue surtout à l’extérieur, dans des rues bruyantes en butte aux aléas de la nature et aux gaz d’échappement toujours chargés de plomb, fait sensation. Elle est signée Gruen, qui rêve alors de transformer l’acte de consommer pour façonner de nouveaux environnements urbains, socialement plus cohérents. Le principe est révolutionnaire. Il va prendre forme quatre ans plus tard à Edina, en banlieue de Minneapolis, avec une réalisation qui fera alors école : le Southdale Shopping Center, premier centre commercial à environnement contrôlé au monde, dont le modèle a été reproduit ad nauseam depuis.

Mais le plus intéressant chez Gruen est incontestablement que "l’effet Gruen", comme on l’appelle aujourd’hui - où l’art de perdre le consommateur dans des milieux clos pour les inciter à consommer plus -  soit assis sur des bases théoriques plutôt intéressantes, à savoir la volonté d’inscrire dans la modernité et sur un autre continent le principe des places publiques des vieilles villes d’Europe. Cette idée, pourtant, en six décennies, n’a jamais réussi à aller plus loin que le papier sur lequel elle a été jetée.

Pour approfondir le sujet, voici un formidable article sur l'histoire du centre commercial en France (http://laboratoireurbanismeinsurrectionnel.blogspot.ch/2013/05/france-urbanisme-commercial.html) et le très bel ouvrage de Jean Taricat : Suburbia, une utopie libérale (http://www.darchitectures.com/une-histoire-et-ideologie-de-la-suburbia-a1620.html).  

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